Agnès Bossis, diététicienne au domicile des patients, au sein d’une équipe d’appui en adaptation et réadaptation (EAAR) en Vendée
La crise sanitaire liée au Covid-19 a touché de plein fouet les acteurs de la santé, qu’ils travaillent en établissement, en cabinet, ou au domicile des patients. Agnès Bossis, diététicienne salariée d’une équipe d’appui en adaptation et réadaptation (EAAR) en Vendée, revient sur l’impact de cette crise sur son activité au domicile des patients.
En quoi consiste votre activité au sein de l’équipe d’appui en adaptation et réadaptation ?
L’équipe pluridisciplinaire intervient à domicile auprès de personnes de plus de 60 ans présentant une fragilité, afin d’éviter leur réhospitalisation. Nous intervenons à la demande des centres hospitaliers de notre secteur d’intervention (CH Challans et CH Machecoul), des CLIC, du Service départemental de l’Autonomie, et aussi en appui des professionnels du premier recours : médecins généralistes, infirmiers libéraux, services d’aide à domicile… Notre équipe, portée par le RESPA (Réseau de Santé Personnes Âgées) de la Loire à la vie, est composée d’une ergothérapeute, d’une psychologue et de moi-même, en tant que diététicienne. J’exerce cette activité salariée depuis sept ans. Les patients dont je m’occupe sont principalement des personnes âgées avec des pathologies neurodégénératives (Parkinson, Alzheimer, sclérose en plaque…) et des troubles nutritionnels (dénutrition, troubles de la déglutition…). Avec l’accord du médecin traitant, je leur rends visite 3 ou 4 fois pour faciliter leur maintien à domicile.
Comment s’est passée votre prise en charge pendant le confinement ?
Les visites ont été interrompues, j’ai donc dû adapter ma prise en charge. J’ai appelé les patients pour savoir s’ils avaient besoin d’aide pour faire leurs courses, pour préparer leurs repas… J’ai aussi appelé les familles, les services d’aide à la personne. J’ai donné aux infirmiers libéraux du SSIAD des CNO pour les patients. C’est le rôle d’une diététicienne de s’assurer que la personne peut s’alimenter correctement. Au-delà de mon rôle médical, j’ai joué un rôle de coordination des acteurs autour du patient à domicile.
Comment vos patients ont-ils vécu le confinement ?
Au début, disons les trois premières semaines, les patients étaient plutôt positifs, certains préféraient ne plus avoir de visites pour se protéger du Covid-19. Puis on a constaté de plus en plus de troubles cognitifs, des hallucinations pour certains, un moral très bas. Certaines pathologies se sont accentuées. Ma collègue psychologue a été très sollicitée, il y a eu un gros besoin de soutien psychologique.
Comment se passe cette étape de déconfinement ?
J’ai repris les visites à domicile, une bonne prise en charge nutritionnelle de ces patients passe par les visites. Un appel téléphonique ne remplace pas une visite car celle-ci permet de voir beaucoup de choses : l’aspect de la personne (est-ce qu’elle a maigri), est-ce qu’elle a pris ses CNO… Et puis les patients nous parlent plus facilement qu’au téléphone.
Quels enseignement tirez-vous de cette crise sanitaire ?
L’isolement, c’est quelque chose que l’on voit tous les jours avec nos patients, nous ne l’avons pas découvert avec le confinement. Nos appels réguliers ont permis d’installer une confiance avec eux, même si notre mission est ponctuelle. Ce que je retiens aussi de vraiment positif, c’est que le lien avec ces personnes fragiles et souvent isolées a été maintenu grâce à une solidarité qui s’est mise en place, notamment avec les voisins.
Propos recueillis par Anne-Cécile Adam