Julie Indart est animatrice du Contrat Local de Santé des Coëvrons (53). Proche du territoire, en particulier des communes rurales qui lui rappellent ses origines, elle nous a raconté son métier au quotidien. Un quotidien enrichissant, grâce à la multiplicité des acteurs et des projets.
Pouvez-vous nous parler de votre parcours ?
Je suis originaire du Pays Basque, je viens d’une commune rurale près de Saint-Jean-Pied-de-Port.
Au cours de mes études, j’ai d’abord obtenu une Licence en biologie humaine et technologies de la santé à Amiens. Je me destinais à travailler dans la recherche médicale, mais à l’occasion de stages, je me suis rendue compte que l’univers des laboratoires ne me convenait pas avec sa solitude professionnelle. J’ai beaucoup cherché un autre domaine et mon choix s’est porté sur la promotion de la santé. J’ai passé mon master à l’ISPED de Bordeaux. Mon stage de M1 s’est déroulé à l’ARS Nouvelle-Aquitaine au sein de la délégation Gironde : je devais recenser les actions en promotion de la santé. C’est là que j’ai découvert les Contrats Locaux de Santé (CLS). J’ai réalisé mon stage de M2 au sein d’un CLS dans le Lot pendant six mois. Je m’y suis beaucoup plu et cela m’a confortée dans mon souhait de travailler sur le terrain. J’ai donc cherché un poste d’animatrice de CLS dans une Communauté de communes rurale car cela me correspondait bien : la qualité de vie, mes origines… J’ai été embauchée en septembre 2018 comme animatrice du CLS de la Communauté de communes des Coëvrons (53), qui avait signé son CLS en juin de la même année.
Qu’est-ce qu’un Contrat Local de Santé (CLS) ? A quoi cela sert ?
Un Contrat Local de Santé est un contrat signé pour trois ans entre une collectivité territoriale et l’Agence Régionale de Santé (ARS). Il a pour but de réduire les inégalités sociales et territoriales de santé. Chaque territoire a des axes de travail spécifiques : le bien-vieillir, l’accès à la santé, la promotion de la santé, la santé mentale… Dans le cadre d’un CLS, on travaille avec énormément d’acteurs : CCAS, associations, hôpitaux et EHPAD, Education Nationale, cuisine collective, professionnels de santé…
En quoi consiste votre mission ? Quel est votre quotidien professionnel ?
Ma mission d’animatrice est de décliner chaque axe de travail du CLS en projets. Les axes de travail du CLS sont définis à l’occasion d’un diagnostic qui est mené par l’animatrice conjointement avec les acteurs du territoire et l’ARS. Mon quotidien, c’est participer à de multiples réunions, travailler avec les différents partenaires, écrire des projets et en assurer la mise en place opérationnelle, répondre à des appels à projet…
Quels projets conduisez-vous autour de la nutrition ?
La promotion de la santé constitue notre 3e axe de travail. Des thématiques précises ont été déterminées (la qualité de l’air intérieur par exemple), sinon il s’agit de fiches actions très larges. Fin 2018, avec les partenaires du territoire, nous avons suivi une formation de cinq jours sur la promotion de la santé. C’est à cette occasion que la thématique de la nutrition est apparue, plutôt dans son versant alimentation. Une réflexion a été lancée autour du public de l’enfance ; cependant, pour l’instant il n’y a pas encore de projet spécifique nutrition. Ce qui n’empêche pas d’avoir des aspects nutrition dans de multiples projets avec différents acteurs du territoire ! Nous travaillons régulièrement avec les enseignants dans le cadre du parcours éducatif en santé : la nutrition est un thème classique avec les élèves. Nous accompagnons la cuisine centrale d’Evron, dont le cuisinier se posait beaucoup de questions autour de l’introduction des produits bios et locaux, des menus végétariens. Une réflexion est en cours sur une formation autour de la confection des repas végétariens pour les cuisiniers du territoire. Une action va se faire également avec les secours alimentaires du territoire (épicerie sociale). En janvier 2019, une journée Sport Santé a été organisée pour tous les lycées professionnels, en lien avec l’UNSS. Les lycéens pouvaient choisir deux activités physiques et participer à plusieurs ateliers dans un « village santé », comme discuter autour de la composition du petit déjeuner ou expérimenter le vélo-smoothie.
Quelles sont vos satisfactions et difficultés dans votre métier ?
Ce qui me plait, c’est la diversité des thématiques et des interlocuteurs, c’est extrêmement enrichissant ! Ce qui est parfois plus compliqué, c’est d’avoir une vision partagée du territoire avec tous ces acteurs. Je dois aussi garder en tête que je suis un projet en plus dans leur quotidien, il ne faut pas les solliciter trop souvent. Et puis il y a la recherche perpétuelle de financements, je passe beaucoup de temps à répondre à des appels à projet.
Si vous deviez définir votre métier en 3 mots ?
Je dirais partenariat, projet et santé.
Propos recueillis par Anne-Cécile Adam