Créer du lien et accompagner les professionnels : c’est la mission de l’association régionale Cokillaje (Coordination Kinésithérapique et Interprofessionnelle Ligérienne pour L’Accompagnement du Jeune Enfant) qui agit pour optimiser la prise en charge des enfants présentant des retards moteurs. Rencontre avec deux animateurs de l’association, Yannick Tijou et Stéphanie Keromnes.
Pourquoi Cokillaje a-t-elle été créée ?
Nous sommes partis du constat que les instituts qui prenaient en charge des enfants avec des retards moteurs avaient besoin de relais extérieurs. Nous avons voulu mettre en lien ces instituts avec les professionnels libéraux, pour qu’ils assurent une continuité de la prise en charge quand les enfants sortent des instituts. Mais la mission va bien au-delà, les professionnels libéraux interviennent également en amont, ils jouent un rôle de dépistage.
Quels sont les professionnels impliqués ?
Notre association rassemble des professionnels de la petite enfance : des kinésithérapeutes essentiellement car ils sont à l’origine de Cokillaje, mais aussi des psychomotriciens, orthophonistes, ergothérapeutes, ostéopathes, ainsi que des grands centres pédiatriques et des services de soins à domicile. Notre périmètre géographique était initialement la Loire-Atlantique, mais nous nous sommes étendus à l’échelle de la région. Ce n’est pas toujours évident car, dans certains secteurs, on constate un manque criant de professionnels.
En quoi consiste leur travail avec les enfants et leur famille ?
Les enfants en question sont porteurs de retards moteurs. Beaucoup sont en situation de handicap : polyhandicapés, hémiplégiques, maladies rares, troubles du métabolisme… En ce qui concerne les tout-petits, ils n’ont pas toujours de diagnostic posé mais ils ont tout de même besoin d’une prise en charge. Nous sommes beaucoup en amont de l’annonce du diagnostic, notre rôle est d’aider les professionnels à la prise en charge de ces situations complexes. Il s’agit d’accompagner l’enfant mais aussi sa famille, certaines ne savent pas comment faire. Il faut aussi faire du lien avec les différents professionnels intervenant autour de l’enfant, qui peuvent être selon les cas les médecins, appareilleurs, chirurgiens… Dans certains circonstances, on peut même être amené à expliquer la situation de l’enfant à l’instituteur à l’école.
Quelles sont vos actions ?
Nous avons mis en place les missions d’appui, contrats grâce auxquels le professionnel reçoit une compensation financière pour le temps qu’il passe pour ces prises en charge complexes qui ne font l’objet d’aucune quotation. Cela nous semblait important de valoriser l’engagement des professionnels. Nous proposons également à nos adhérents un compagnonnage, qui leur permet de faire appel à des experts en cas de besoin. L’expert se déplace au cabinet pour voir un ou des enfants, ce qui permet au professionnel de bénéficier d’un regard extérieur. Ainsi ils peuvent trouver ensemble des solutions, ou orienter selon les cas. Dans ces prises en charge complexes, c’est rassurant aussi bien pour le professionnel que pour la famille.
Nous organisons aussi des matinées ou journées d’information sur des thèmes divers, pour développer la pratique des professionnels. Nous diffusons également des informations avec notre site et notre newsletter.
Qu’est-ce qui vous a amené à vous impliquer dans la thématique de l’obésité infantile ?
Le kiné de l’ESEAN, qui est un établissement adhérent à Cokillaje, nous a contactés en mars 2021. Il intervient dans le cadre du programme ETP « HOPE » à destination des adolescents avec une obésité complexe. Son constat était qu’à la sortie du programme et en particulier en période de Covid, il n’y avait pas de maintien des acquis pour ces adolescents, notamment autour de l’activité physique. Même si l’obésité n’est pas notre cœur de métier, il pouvait être intéressant de sensibiliser nos adhérents à l’accompagnement de ces enfants. En fait, dans les cabinets libéraux, les professionnels ont tous 2 ou 3 enfants avec des problèmes de surpoids. Alors nous avons accepté d’organiser un webinaire qui aura lieu le 4 juin prochain. Les établissement de l’ESEAN (44) et de l’Arche (72) y participerons, ainsi que la SRAE Nutrition. Toutes les informations
Comment les adhérents de Cokillaje peuvent-ils s’investir dans cette thématique de l’obésité infantile ?
Grâce au webinaire, nous souhaitons les informer, leur donner des illustration de prise en charge, mais aussi leur montrer qu’un réseau existe en Pays de la Loire autour de l’obésité pédiatrique. La SRAE Nutrition accompagne ce réseau de professionnels. Il est possible d’y adhérer, de consulter le site, d’être visible sur une cartographie, de participer à des formations qu’elle organise.
Quels sont vos projets ?
Nous allons poursuivre l’organisation des webinaires d’information. Nous avons aussi à coeur de nous ouvrir à différentes professions pour créer toujours davantage de liens. Dans le même esprit, nous allons rencontrer les associations de parents, qui ont besoin de ces liens de proximité.
Quelle serait votre devise ?
Au regard de notre cœur de mission, ce serait « Vive le lien ! »
Propos recueillis par Anne-Cécile Adam
Pour toute information :
Yannick TIJOU : yannick.tijou@orange.fr
Stéphanie Keromnes : keromnes.stef@gmail.com